
lutz, une monographie
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Oeuvres de Jean-Luc Moulène, Matt Mullican, Philippe Ramette, Joe Scanlan, Wolfgang Tillmans , David Ballu, Giasco Bertoli, Philippe Cazal, Claude Closky, Dan Graham, Rodney Graham, Reine Graves, Jonathan Hallam, Petra Lindholm, Laurent Montaron.
L’exposition Lutz, une monographie tente de s’émanciper des connexions forcées entre art et mode qui ont jalonné les années 1990. Elle se propose de révéler les codes de la mode Lutz en impliquant le dispositif spatial, mais aussi, par capillarité, les objets (art ou images) choisis pour leur capacité à offrir un regard contextualisé aux vêtements. En partant du principe que le musée est, par essence, un lieu de transaction impossible (contrairement à la boutique à laquelle la survie de la mode est associée), exposer de la mode revient à exposer un "lifestyle", un climat adéquat à la lisibilité du vêtement Lutz hors de toute fonction mercantile. L’exposition Lutz, une monographie consiste donc à établir un cadre idéal, une bulle environnementale en affinité avec la construction spécifique de silhouettes clefs issues des archives Lutz.
Lutz, le style
Depuis mars 2000, date de sa première collection, Lutz se plaît à redonner vie aux classiques de la garde-robe. Allemand made in France, il étonne le milieu de la mode lassé des vagues rétro en pratiquant des hybridations d’un genre nouveau : combinaison de travail pailletée « soir », veste de smoking façon blouson de sport, manteau se dézippant en bustier ou trench jouant les cache-cœur. De saison en saison, Lutz séduit en repoussant les limites du vestiaire fonctionnel (chemise, veste, jupe, etc.). Plus cérébral de l’étoffe qu’amateur de frou-frou, il invente une construction contemporaine à nos vêtements de base, pour un porté à la fois connu et inédit.
Commissariat
Nés respectivement en 1969 et 1972, Samuel Drira et Sybille Walter créent le magazine de mode et d’art ENCENS en 2001. Travaillant en binôme, ils ont en commun le goût d’une rigueur sans fioriture qui caractérise leur démarche. Après avoir défendu les créations de Lutz depuis son premier défilé, le moment leur a semblé propice de conjuguer les vingt ans du FRAC Champagne-Ardenne avec le dixième opus du créateur allemand au sein d’une exposition qui serait comme le prolongement en 3D d’une exploration d’un style investie depuis 14 numéros.
Biographie Lutz
Natif de Remscheid en Allemagne, Lutz étudie la mode à la Saint Martin’s School of Art and Design de Londres. Après avoir été responsable de la maille et de la collection « artisanale » chez le créateur anversois Martin Margiela durant quatre ans, il lance sa marque à Paris en mars 2000. Avec son alter ego et associé David Ballu pour la diffusion et le développement de sa griffe, il réussit à convaincre des boutiques prestigieuses dans le monde de le soutenir. Aujourd’hui doté de nombreux points de vente à Paris et dans le monde, il continue d’évoluer sur la base d’un classicisme retravaillé dont le pragmatisme met en avant la personnalité de celui qui le porte.
www.encensrevue.com

célébration !
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Exposition anniversaire des 20 ans du FRAC Champagne-Ardenne.
Le FRAC Champagne-Ardenne a développé très tôt une attitude généreuse, ouverte et engagée dans la proximité avec les artistes et la création en marche, grâce à son attachement à produire, réaliser et être acteur de l’émergence de ce jeune patrimoine. C’est en novembre 1984 que le Fonds régional d’art contemporain voit le jour, soutenu dès le départ par la Région Champagne-Ardenne, et bien sûr l’Etat, par l’intermédiaire du Ministère de la Culture à l’initiative de ce nouveau type d’institution culturelle. Quatre directeurs ont apporté leur vision et ont éclairci à leur façon l’accès à la création de notre temps : Catherine Bompuis, de 1985 à 1988, Laurence Imbernon de 1988 à 1993, Nathalie Ergino de 1994 à 2000, et moi-même, François Quintin depuis avril 2001.
Comme dans les autres régions françaises, le Fonds régional d’art contemporain Champagne-Ardenne a pour vocation de constituer et de diffuser une collection d’art contemporain, de programmer et de réaliser des expositions originales, d’éditer des documents, d’organiser des actions de sensibilisation et de formation de publics divers (scolaires, étudiants, adultes, entreprises). Dans une volonté d’ouverture, l’équipe du FRAC est attentive à la diversité des publics, et multiplie les actions culturelles au cœur d’environnements sociaux dont l’éloignement à la création de leur temps est, pour certain, plus marqué que pour d’autre. D’une manière générale, le FRAC Champagne-Ardenne tend à promouvoir tout ce qui concourt à la création et à la promotion de l’art contemporain.
Depuis 1990, le FRAC Champagne-Ardenne est installé dans l’aile droite de l’Ancien Collège des Jésuites, bâtiment historique du XVIIème siècle.
L’année 2004 est l’occasion d’une célébration. Des expositions, des événements mettent en perspective les pièces majeures des quelques 611 œuvres qui composent cette collection. Plusieurs présentations thématiques dessinent un parcours de plusieurs lieux de la Ville de Reims, partenaire privilégié de ce projet. Le premier catalogue exhaustif de la collection verra le jour cet automne. Ce livre comme les expositions racontent à leur façon l’histoire de vingt années d’activisme culturel, une histoire dans laquelle de nombreux artistes, créateurs, réalisateurs, penseurs, critiques d’art, invités par les directions successives et leur comité technique, et accompagnées dans cette aventure du soutien sans faille de l’Etat, de la Région Champagne-Ardenne, puis de la Ville de Reims, ont vécu un véritable tournant champardennais.
A l'occasion de cette exposition, l'artiste Pierre Giner développe un projet spécifique qui remet en perspective l'ensemble des activités et composantes du FRAC Champagne-Ardenne. Miscellaneous (spaces) est un jeu vidéo, un générateur aléatoire de mises en espace d'une collection. Collection d'œuvres d'art et de leurs images, au sein de laquelle circule le spectateur, pris dans le dédale de toutes leurs possibles mise en place.
Miscellaneous (spaces) est un outil de réflexion, de spéculation, d'anticipation, sur une collection et ce qu'elle contient comme potentiels d'expositions. Où l'ensemble des oeuvres est considéré pour ses innombrables variabilités spatiales. Ainsi celles-ci produisent leurs espaces, successivement, indéfiniment.
Miscellaneous (spaces) est un autre outil parmi ceux du FRAC Champagne-Ardenne, au même titre que la réserve, le cabinet d'édition, le lieu de diffusion vidéo, le "white cube". Tous nécessaires à l'institution, habituellement visibles ou invisibles. Tous déployés pour l'occasion dans les murs de l'Ancien Collège, autour du jeu lui-même.
Commissaires de l'exposition : François Quintin et Pierre Giner

adel abdessemed / habibi
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Adel Abdessemed quitte l’Algérie en 1995. Il poursuit en France les études qu’il avait entamées à l’école des Beaux-Arts d’Alger. Bien des années auparavant, il avait affirmé vouloir devenir artiste après la découverte dans le petit Larousse d’une reproduction en vignette de la célèbre Femme se baignant dans la rivière de Rembrandt. Adel Abdessemed ne s’est jamais départi de cette qualité de saisir dans le foisonnement du monde la part essentielle vers laquelle tend toute son exigence esthétique, avec une justesse qui dévoile une pensée qui vient du cœur.
Le travail d’Adel Abdessemed s’exprime par la vidéo, la photographie, le dessin, l’écriture et l’édition de livres d’artiste. Souvent en réaction à des situations vécues, il aborde la question des contraintes liées à l’identité culturelle politique ou spirituelle des sociétés, tant au cœur même des cultures, qu’elles soient occidentales, islamiques ou autres, que dans l’hybridation de celles-ci; une mixité dont lui-même enrichit ses réflexions mais subit parfois aussi les injustices. Un des sujets récurrents est celui du corps libéré des contraintes de la culture, la religion, la politique, les a priori idéologiques des sociétés...
Souvent énigmatiques les contenus des oeuvres d’Adel Abdessemed se nourrissent fortement de la rencontre que le spectateur en fait. C’est un travail qu’il faut appréhender avec égoïsme, pour soi, laissant libre le dialogue intérieur qui d’abord nous trouble, et finalement nous enrichit. Adel Abdessemed aime à dire, “ce que je veux c’est changer les gens”. Derrière cette ambition démesurée, il faut voir un geste généreux d’un artiste qui s’adresse avec insistance aux méandres de nos interdits et notre inconscient.
Dans l’espace, un squelette de dix-sept mètres de long est en lévitation à deux mètres du sol. Il est accompagné dans son sommeil aérien d’un réacteur d’avion, potentiel de puissance. Habibi est une invitation au voyage intérieur, comme si l’espace d’exposition était une peau, la surface, l’abri d’un corps absent, non seulement humain, mais aussi le corps d’une pensée en suspension, d’une attente silencieuse. Son titre, Habibi (mon chéri), emprunté à une chanson d’amour de la diva libanaise Fairuz, suggère immédiatement l’univers d’une intimité décalée...
L’oeuvre habibi est produite par le FRAC Champagne-Ardenne.