
yan pei-ming / le fils du dragon : chantier / funérailles
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Une grande renommée internationale précède Yan Pei-Ming, peintre chinois, installé à Dijon depuis 1980. La résidence et l’exposition Le Fils du Dragon : Chantier/Funérailles au FRAC Champagne-Ardenne incorpore de façon originale l’ensemble d’un dispositif rétrospectif qui cet été consacre sa carrière en Bourgogne ; une sorte de prolongation en forme d’appendice. L’artiste s’approprie l’espace d’exposition du FRAC Champagne-Ardenne et en fait le lieu d’une recherche picturale et d’une réflexion “à chaud” sur l’ensemble de son œuvre disposée sur les murs du Musée des Beaux-Arts de Dijon, du Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon, des musées d’art et d’Histoire de Genève en collaboration avec le Consortium, centre d’art contemporain à Dijon.
Yan Pei-Ming aime à dire qu’il lui faut vingt ans et quinze minutes pour réussir un portrait. Tout se joue dans l’acte. Comme le ferait un sportif de haut niveau, il entretient chaque jour davantage sa formidable virtuosité, sa faculté de saisir l’essence du sujet dans la rapidité de quelques gestes aériens, quelques coups de brosse nerveux, sans “fignolage” ni repentir. C’est un artiste compulsif et persévérant qui réalise avec détermination une œuvre peinte dont on ne peut déjà plus faire l’inventaire, et qui reste indépendante des caprices de courants artistiques éphémères. S’il peint essentiellement des portraits en noir ou bien en rouge, Ming ne s’attache pas à la ressemblance. “Mon travail, dit-il, peut être considéré comme une sorte de portrait universel. Ce que je peins dans la permanence est au fond une idée de cette humanité”. Avec des sujets récurrents de l’imagerie chinoise, Ming dépasse sa propre opposition à l’art officiel qu’il a fui, et revisite les icônes d’un Mao ou d’un Bruce Lee aux faciès d’un exotisme désincarné qui vaut pour tous les visages, qu’ils soient victimes, brigands, anonymes, orphelins de Soweto, ou adolescents de Montbéliard.
A Reims, dans les espaces d’exposition du FRAC Champagne-Ardenne Ming a travaillé avec la régularité et la conscience d’un employé modèle. Il a réalisé un ensemble de treize toiles sur le thème de la mort. Les peintures sont d’une grande force. La palette s’éclaircie. Sa résidence a permis à de nombreux visiteurs, jeunes artistes, personnalités de la vie culturelle, ou simples curieux, de rencontrer l’artiste, de le voir travailler, mûrir son sujet, attaquer nerveusement la toile, reprendre partie ou tout du travail de la veille… Yan Pei-Ming aborde un sujet difficile mais incontournable. Le peintre de la vie s’attache à rendre des corps sans vie, ceux d’anonymes ou bien de Marylin Monroe, certains corps disposés au milieu des fleurs pour le dernier hommage ou bien d’autres à peine sortis de décombres… Cet ensemble de peintures dépasse le thème du deuil, c’est aussi le manifeste d’un renouveau pour l’artiste, une révolution au sens littéral, comme lorsque sort l’arcane de “la Mort” aux tarots de Marseille ; le rebond surprenant de l’artiste célébré.
Cette exposition est l’occasion d’une publication qui retrace le parcours de cet artiste. Cet ouvrage monographique est publié par les Presses du réel en coédition avec le Musée des Beaux-Arts de Dijon, le Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon, les musées d’art et d’Histoire de Genève, le Consortium, centre d’art contemporain à Dijon, et le FRAC Champagne-Ardenne.
En février 2004, est prévue la sortie d’un livre-DVD, aux éditions Little Big Man. Ce dernier présentera les reproductions des oeuvres réalisées au cours de la résidence de Yan Pei-Ming au FRAC Champagne-Ardenne et un film de Ludwig Trovato relatant cette aventure.

jeunisme I
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Oeuvres de Delphine Balley, Claire Boissel, Frédéric Brice, Olivier Dominici, Anne Guillaume, Yoann Legrand, Pascal Lièvre, Gaël Pollin, Chantal Raguet, Angéline Tripet, Marie-France Uzac
Le terme de “Jeunisme” a fréquemment été utilisé comme le reproche, souvent légitime, à l’adresse de projets institutionnels dans lesquels la jeunesse seule est l’argument esthétique. On se doit cependant d’être attentif aux travaux naissants d’artistes qui n’ont pas encore de reconnaissance institutionnelle ou publique. Pourquoi ne pas lire ce terme “jeunisme” comme un parti pris de générosité à énoncer, un engagement possible et souhaitable envers la jeune création, tout en gardant à l’esprit que la jeunesse n’est pas une question d’âge. Un lieu dédié à l’art contemporain se doit de porter cette attention prospective.
Ainsi, en cette fin d’hiver, le FRAC Champagne-Ardenne est atteint de “Jeunisme”, et initie une série d’expositions consacrées à la toute jeune génération d’artistes. Onze artistes français présentent leurs travaux : Delphine Balley, Frédéric Brice, Claire Boissel, Olivier Dominici, Anne Guillaume, Pascal Lièvre, Yoann Legrand, Gaël Pollin, Chantal Raguet, Angéline Tripet, Marie-France Uzac. Certains sont tout juste diplômés des écoles en France, d’autres ont récemment découvert leur vocation artistique. C’est pour beaucoup d’entre eux une première occasion de déployer leurs travaux dans un espace institutionnel, et d’en parler à un public non initié. Le FRAC Champagne-Ardenne propose à ces artistes un accompagnement, pour leur permettre de produire une œuvre nouvelle, de mettre en place un projet personnel, de favoriser une première édition ou un multiple.
Jeunisme 1 est aussi l’occasion de réunir certains des acteurs culturels de Reims qui soutiennent la création contemporaine. Entre autres, l’événement Jeunisme 1 est conçu en partenariat avec le Centre culturel centre de créations pour l’enfance de Tinqueux, l’association de mécénat d’entreprises PRISME, le Centre culturel Saint-Exupéry, le studio de création musicale Césaré, la Salle d’Attente association pour la promotion de la photographie contemporaine, et le Palais du Tau.

aernout mik
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Né en 1962 à Groningen (Pays-Bas), Aernout Mik vit à Amsterdam et à Berlin.
S'il fallait se convaincre que l'homme n'a pas tout à fait abandonné ses instincts d'animal grégaire, il suffirait de se regarder attendre dans un ascenseur ou une salle des pas-perdus, d'être attentif à nos comportements respectifs avant un concert de rock en plein air, ou bien encore d'observer les attitudes des boursiers autour de la corbeille lorsque le langage est réduit à quelques gestes primaires.
Aernout Mik insuffle à la création vidéo une dimension nouvelle, davantage théâtrale ou chorégraphique. De petites pièces sans parole et sans histoire sont mises en scène avec une grande précision. Libéré de la nécessité d'inscrire ses réalisations dans une logique narrative, Aernout Mik montre les relations contrariées entre un espace et des comportements humains. Ses oeuvres ont souvent quelque chose d'hypnotique. La projection synchronisée des deux points de vue d'une même scène provoque une impression d'ubiquité et piège le regard en exaltant nos facultés d'observation. Le spectateur a le privilège de scruter chaque détail, chaque geste, chaque élément d'un plan cinématographique sans fin et dont il ne comprend pas l’origine. Tout se passe comme si nous arrivions juste après l'événement dont cette attente, ces gesticulations inexpliquées, cette violence latente, ce silence, sont les conséquences muettes. Les acteurs d'Aernout Mik intriguent par la force de leur présence inactive ou l'étrangeté de leurs gestes sans détermination véritable.
Le FRAC Champagne-Ardenne est heureux de présenter une nouvelle installation vidéo d'Aernout Mik : Flock, 2002. Le titre signifie "troupeau” en anglais. Un groupe de personnes, majoritairement asiatique,semble en état de transit dans un lieu indéterminé dont on ne parvient pas à définir si c'est en intérieur ou en extérieur, à la tombée du jour ou bien à l'aube. Des chèvres,dont certaines sont mécaniques, bien que parfaitement imitées, évoluent au milieu d'hommes et de femmes qui ont finalement des attitudes très similaires. Ainsi,des animaux, des humains et des androïdes recomposent une cohésion sociale improbable, dont nous sommes les témoins attentifs grâce à ce plan séquence en boucle imperceptible. La scène rappelle confusément des photographies de presse ou des reportages télévisuels sur des réfugiés, des boat people, des prisonniers en attente de jugement. Les images d'une grande beauté déroulent avec lenteur les attentes, les jeux incompréhensibles, les allers et venues, le sommeil, l'anxiété d'une trentaine d'anonymes aux visages emplis de vide, d'espoir ou de désespoir, de pensées insondables, de transe, dans un mouvement en travelling régulier qui semble s'étirer vers l'infini.
Flock (2002) est une oeuvre co-produite par le FRAC Champagne-Ardenne ; la Fundació Joan Miró, Barcelone ; le Pori Art Museum, Finlande ; The Project, New York/Los Angeles ; la galerie Carlier/Gebauer, Berlin ; la galerie Massimo de Carlo, Milan.
L’exposition Aernout Mik bénéficie du soutien de la Fondation Mondrian, Amsterdam.

jean-françois texier / boxing queen
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Jean-François Texier « confectionne » une œuvre sensible, où se tissent des émotions intimes aux points de croix, du vague à l’âme au point mousse, une broderie des sentiments et des corps de tricots.
A Ruffec, en Charente, Jean-François Texier excelle dans l’art du tricot, de la couture et de la broderie depuis l’age de 12 ans, initié à cet art par sa grand-mère. Il adapte le crochet, la broderie Richelieu ou le point de feston à la création plastique contemporaine et réalise sa collection de «nouveautés»» qui augmente sans cesse son catalogue personnel : un bas rayé multicolore pour footbaleur et danseuse, des gants aux doigts tentaculaires, ou bien qui se joignent, tricots pour fleurs (des Immortelles...) pélerine au crochet en laine de récupération, lingerie fine exécutée par l’artiste avec des aiguilles de pin, sur un banc des jardin de Mériadeck à Bordeaux, la nuit, en attendant l’amour.
Son intervention dans le cadre du parcours associé de la Biennale de Lyon 2000 mettait en scène une “compétition de pêche au tricot“, à l’issue de laquelle étaient présentés quatre tricots de cordages marins en point mousse, enfilés sur les cannes à pêche qui ont servi à les tricoter. Une œuvre récente présente un petit tricot de laine Mohair de couleur chair, confectionné à l’aide de mines de graphites; ainsi la laine est souillée à mesure qu’elle prend forme.
C’est une œuvre dont la matière première est le temps qui passe, un tissage méticuleux des attentes et des phantasmes. Des aiguilles de Jean François Texier surgit un théâtre d’ombres intimes, des désirs éclots comme les fruits naturels de patience.
Pour l’exposition au FRAC Champagne-Ardenne, Jean-Fançois Texier met à profit l’expérience de plusieurs mois de résidence au Centre d’art Passages, résidence d’artistes Ginko de la ville de Troyes, capitale du bas et de la bonetterie, pour la réalisation d’un projet autour de la figure emblématique de la Chanteur franco-américaine Joséphine Baker.
Un catalogue dédié à l’ensemble de l’oeuvre de Jean-François Texier sera édité par le FRAC à l’occasion de l’exposition, en co-édition avec le FRAC Acquitaine.