Vernissage le mercredi 10 octobre 2018 à 18h30
Commissaire de l'exposition : Sonia Recasens
Avec les œuvres des collections des Frac Alsace, Frac Champagne-Ardenne et 49 Nord 6 Est - Frac Lorraine, de : Alice Anderson, Sylvie Auvray, Laétitia Badault Haussmann, Claude Batho, Rossella Biscotti, Peggy Buth, Miriam Cahn, Gaëlle Choisne, Dorit Cypis, Emma Dajska, Odile Darbelley & Michel Jacquelin, Lili Reynaud-Dewar, Ruth Ewan, Julie C. Fortier, Gloria Friedmann, Dora García, Anna Bella Geiger, Guerrilla Girls, Marie-Ange Guilleminot, Béatrice Helg, Barbara Kasten, Sister Corita Kent, Lea Lublin, Mirka Lugosi, Anna Maria Maiolino, Myriam Mihindou, Tracey Moffatt, Anita Molinero, Gina Pane, Ewa Partum, Laure Prouvost, Françoise Quardon, Martha Rosler, Laura Schnitger, Lili Thiessen et Nil Yalter.
Le palais du Tau accueille du 11 octobre au 9 décembre 2018 l’exposition Citoyennes Paradoxales. Fruit d’une collaboration entre les trois Fonds régionaux d’art contemporain de la région Grand Est et le Palais du Tau – Centre des monuments nationaux, l’exposition est l’occasion pour le public de découvrir sous un angle inédit des œuvres issues des collections du Frac Champagne-Ardenne, du Frac Alsace et du 49 Nord 6 Est-Frac Lorraine.
Conçue par la commissaire invitée Sonia Recasens, critique d’art spécialisée en histoire de l’art féministe, l’exposition Citoyennes paradoxales propose un parcours original dans l’ancienne résidence des archevêques de Reims pour sensibiliser le public à un enjeu d’actualité : la visibilité des artistes femmes dans les collections, les expositions et les ouvrages d’art. Une sélection d’une cinquantaine de photographies, installations, vidéos, dessins, affiches et peintures côtoient exceptionnellement les tapisseries, les sculptures et autres trésors du palais du Tau.
Le mot de la commissaire de l’exposition, Sonia Recasens :« Organiser une exposition pour révéler et dénoncer la sous-représentation des artistes femmes, c’est être confronté à un dilemme : affirmer pour refuser la différence des sexes. Ce paradoxe sert de point de départ à l’exposition, qui emprunte son titre à l’ouvrage de Joan W. Scott La citoyenne paradoxale. Les féministes françaises et les droits de l’Homme (1998). Dans cet ouvrage de référence, l’historienne américaine étudie le paradoxe du féminisme français tiraillé depuis la Révolution entre différence et égalité : se battre contre l’exclusion et pour l’universalisme, en faisant appel à la différence sexuelle, celle-là même que le féminisme tente d’éliminer.
C’est tout l’enjeu de l’exposition présentée au Palais du Tau dont l’organisation peut donner l’impression de marcher sur des œufs comme nous y invite l’installation performative et éphémère de l’artiste Anna Maria Maiolino, Entrevidas (1981), réactivée dans la Salle du festin – une salle qui accueillait le festin du sacre du roi, dont étaient d’ailleurs exclues les femmes. L’opération est délicate en effet, car il s’agit non seulement de dénoncer la violence symbolique d’un monde de l’art dominé par une vision masculine de la création, tout en évitant d’essentialiser les œuvres des artistes femmes par la production d’une catégorie surdéterminée par le genre. Un autre écueil serait de produire une exposition ethnocentrée, ne donnant à voir que des artistes blanches et/ou occidentales. Une prédominance que dénonce l’artiste aborigène Tracey Moffatt dans son film Artist (1999), projeté dans la salle basse. Ce montage est rythmé d’images présentant les stéréotypes véhiculés par Hollywood sur la figure de l’artiste. Des stéréotypes qui imprègnent l’imaginaire collectif, mais aussi les normes de représentation d’un monde de l’art ne comptabilisant en 2016 que 20 femmes au palmarès des 100 artistes les plus visibles dans le monde.
Embrassant pleinement son paradoxe, l’exposition ne suit aucun fil rouge thématique ou chronologique et propose au contraire un parcours libre, intuitif et subjectif pour donner à voir la diversité de la production des 28.4% d’artistes femmes contemporaines présentes dans les collections des trois FRAC de la région Grand Est*. Citoyennes Paradoxales réunit une trentaine d’artistes françaises comme Marie-Ange Guilleminot, Anita Molinero et internationales comme Ruth Ewan, Dorit Cypis, confirmées comme Miriam Cahn, Françoise Quardon ou émergentes comme Gaëlle Choisne, Julie C. Fortier, historiques comme Gina Pane, Nil Yalter ou tombées dans l’oubli comme Barbara Kasten et Léa Lublin, et des figures de l’art féministe comme les Guerrilla Girls ou Martha Rosler pour parler avec poésie, engagement et humour de féminisme, de domesticité, d’oppression, de « body shaming », d’exil, de représentation, de domination, de spiritualité… Des questions, qui résonnent particulièrement avec les enjeux secouant nos sociétés actuelles aux prises avec une crise migratoire, une montée des extrêmes, ainsi qu’une exceptionnelle libération de la parole des femmes sur les violences sexuelles, le harcèlement et les discriminations... Participant à cet élan d’émancipation, les créatrices du monde entier, du Festival de Cannes au Festival d’Avignon en passant par les Rencontres Arles, revendiquent l’égalité en matière de production, de rémunération et de diffusion.
Dans ce contexte de tensions et de transformations, Citoyennes paradoxales s’affirme comme une exposition, qui, pour paraphraser la pionnière du féminisme Olympe de Gouges, « n’a que des paradoxes à offrir et non des problèmes faciles à résoudre », espérant modestement contribuer à une prise de conscience collective pour que les choses changent. Enfin ! »
* 21,4% Frac Alsace – 26.8% Frac Champagne Ardenne – 37% 49 Nord 6 Est - Frac Lorraine
Palais du Tau
2 place du cardinal Luçon (parvis de la cathédrale)
51100 Reims
Du mardi au dimanche, de 9h30 à 12h30 et de 14h à 17h30
Dernier accès 45 minutes avant la fermeture