Oeuvres de Christian Andersson, Davide Balula, Nicolas Boulard, Benoît Broisat, Claude Closky, Willem Cole, Sébastien Gouju, Harold Guérin, Raymond Hains, Alain Jacquet, Philippe Mayaux, Laurent Montaron, João Penalva, Bruno Perramant, Uri Tzaig
Commissaire de l'exposition: Florence Derieux
À l'invitation du centre d'art contemporain Passages, le FRAC Champagne-Ardenne a conçu une exposition dans laquelle sont réunies des œuvres de sa collection réalisées par des artistes de générations et de nationalités différentes ainsi que des œuvres produites spécialement à cette occasion par un jeune artiste lorrain ayant été récemment invité à travailler en Région dans le cadre de la résidence d'artistes interrégionale des Frac du Grand Est.
L'exposition explore la question de la perception. Partant d'un constat - chacun des sens humains peut être trompé, que ce soit de manière objective (illusion d'optique) ou subjective (différence ou absence de perception, désir de croire...) - elle réunit des œuvres qui, toutes, produisent une illusion. Nous percevons en effet par les sens, mais également par l'esprit ; nous percevons donc en fonction des stéréotypes que nous avons en mémoire. La notion de perception est d'ailleurs appréhendée, en psychologie, comme le processus de recueil et de traitement de l'information sensorielle. Ainsi, une perception déformée d'un sens constitue une illusion. L'expérimentation permet de la révéler. Pourtant, c'est bien souvent l'illusion qui, nous confrontant soudainement à une réalité « à plusieurs entrées », nous amène à considérer et à imaginer d'autres possibles. C'est cette dimension que L'avenir d'une illusion se propose d'explorer.
Prenant pour titre celui d'un ouvrage du célèbre psychanalyste autrichien Sigmund Freud publié en 1927 cette exposition rassemble un corpus d'œuvres très hétérogènes, mais qui ont toutes en commun de mettre en doute nos convictions les plus intimes. Ainsi, certains artistes, tels Christian Andersson ou Harold Guérin, jouent sur les illusions d'optique pour mieux nous tromper. D'autres encore, à l'instar de Benoît Broisat, s'approprient des effets spéciaux résolument « lowtech» qui modifient notre perception, pour paradoxalement nous confronter à la réalité du conflit afghan. Chez Sébastien Gouju, c'est par le détournement d'éléments familiers que s'opère ce trouble de la perception. Ces illusions peuvent également résulter de savants jeux d'échelle et prendre des formes pour le moins psychédéliques - le Jupiter Donut en orbite d'Alain Jacquet - ou beaucoup plus poétiques, avec l'installation silencieuse de Davide Balula. Autant de propositions troublantes qui s'appréhendent par l'expérimentation et la confrontation directe avec les œuvres et mettent à mal nos certitudes.
Exposition du 18 septembre au 30 octobre 2009
Vernissage le 17 septembre 2009 à 18h00, en présence des artistes
Centre d'art contemporain Passages
9, rue Jeanne d'Arc
F-10 000 Troyes
T 03 25 73 28 27
Œuvres de Tobias Bernstrup, Julien Discrit, Jimmie Durham, Latifa Echakhch, Adriana Garcia Galan, Raymond Hains, Pierre Huyghe, Valérie Jouve, Glen Rubsamen, Raphaël Zarka
Dans le cadre de la 3e Semaine des cultures urbaines, la Ville de Saint-Dizier a convié le FRAC Champagne-Ardenne/ Fonds régional d'art contemporain à investir les espaces de son musée municipal pour y présenter une sélection d'œuvres de sa collection.
Les œuvres réunies dans l'exposition Mythologies urbaines explorent la ville de différentes manières, s'appropriant des éléments de son histoire et de son quotidien comme pour inventer d'autres mythes et légendes.
Ce jeu entre passé et présent trouve un écho plastique inattendu chez Raphaël Zarka. A la fois réappropriation d'une forme artistique et dialogue entre des cultures a priori éloignées Riding Modern Art, une collection photographique autour de Spatial Composition 3 (1928) de Katarzyna Kobro (2007) est constituée de photographies de skateurs évoluant sur des sculptures urbaines au cœur de l'espace public devant lesquelles l'artiste présente la réplique d'une sculpture de 1928, comme un écho aux utopies déchues de la modernité.
A l'inverse, Julien Discrit joue d'un rapport intime à la ville. Ainsi, Carte mémoire et Carte mémoire (Paris), deux œuvres produites par le FRAC Champagne-Ardenne en 2008, lui permettent de dresser une topographie personnelle à usage individuel des lieux qu'il fréquente, à la manière d'un « rebbelib », une carte de navigation utilisée au 19e siècle dans la région des îles Marshall.
Avec La Toison d'or (1993), Pierre Huyghe explore quant à lui l'espace social d'une ville, Dijon. Nom donné à un centre commercial après avoir été celui d'un ordre médiéval dont la ville a tiré ses armoiries, le mythe de la « toison d'or » est réactivé par l'artiste dans une manifestation où des adolescents coiffés de têtes d'animaux traînent sur l'aire de jeux d'une cité HLM. Un dépliant sans commentaire, déposé au syndicat d'initiative, annonce cette manifestation. Ceux qui y assistent en deviennent partie constituante. La ville est ici traitée comme un organisme régi simultanément par ses services publics, les événements qui s'y produisent, et le comportement de ses habitants.
Jimmie Durham affirme lui aussi, avec le Bâton pour marquer le centre du monde à Reims (1996), cette relation très subjective à la ville, qui pour un instant peut devenir un centre du monde possible.
Ce rapport très personnel à l'espace urbain se retrouve chez Raymond Hains qui, dans la série Cours Langlet (1998), s'invente une géographie inédite, lexicale et ludique, à partir d'une rue de Reims.
Valérie Jouve confronte physiquement des architectures périurbaines à des visages et des corps dans des portraits urbains d'une grande intensité. Parallèlement à l'exposition Mythologies urbaines, Valérie Jouve est invitée en résidence à Saint-Dizier par le FRAC Champagne-Ardenne. Ce projet devient ainsi le point de départ d'un important travail photographique que l'artiste développe actuellement avec les habitants du quartier du Vert-Bois.
Dans Sans titre (11 mars 2005) (2005), l'artiste marocaine Latifa Echakhch aborde la ville en tant qu'espace politique. Cette vidéo montre un long plan séquence sur une rue de Paris avant, pendant et après une manifestation. Apparaissent à l'écran les protagonistes habituels (service d'ordre, politiques, manifestants, policiers...) jusqu'à l'arrivée des services de nettoyage de la ville qui, méthodiquement, effacent les traces de l'événement, jusqu'à la prochaine manifestation. L'espace public est ainsi continuellement occupé, réapproprié par les manifestants, mais l'œuvre aborde dans le même temps la question de la portée de toute action humaine, et bien sur celle de l'artiste.
L'artiste colombienne Adriana Garcia Galan joue également avec humour de cette relation au politique dans sa vidéo intitulée Speechbox (2006). Un « beatboxer » réinterprète les discours de vœux du Président de la République française de l'époque devant un décor urbain banal et sans qualité.
Symbole triomphant de la réunification de Berlin, la Potsdamer Platz est rapidement devenu un ensemble architectural qui juxtapose commerces, culture de masse, bureaux et habitats, dans un oubli permanent de son passé. L'œuvre Potsdamer Platz (Unreal Edit) (2001), de l'artiste suédois Tobias Bernstrup, est un jeu vidéo sombre et désespéré qui affirme la virtualité de ces nouveaux espaces urbains sans mémoire.
Cette relation ambigüe au divertissement se retrouve également dans les deux tableaux de l'américain Glen Rubsamen, Point photo, Pocahontas Village (1997) et Discovery Land Station (1998), qui représentent des paysages en apparence romantiques, mais qui ne sont pourtant rien d'autre que des points de vue photographiques sur des parcs d'attraction. Lieux « mythiques » par excellence, les parcs d'attraction nous renvoient à nos attentes, bien souvent conventionnelles, que l'artiste, à travers ses compositions méticuleuses, cherche à perturber.
Exposition du 17 avril au 14 juin 2009
Vernissage le jeudi 16 avril 2009
Musée municipal
17, rue de la Victoire
52100 Saint-Dizier
03 25 07 31 26