
what you see is what you guess
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Oeuvres de Christian Andersson, Attila Csörgö, Ceal Floyer, Christoph Keller, Steven Pippin, Julius Popp, Arcangelo Sassolino.
Jusqu’où la perception informe-t-elle la conscience ? À l’inverse, à quel moment la connaissance corrige-t-elle la perception ? Le FRAC Champagne-Ardenne présente du 14 septembre au 18 novembre une exposition dont le commissariat a été confié à la critique d'art italienne Alessandra Pace.
WYSIWYG / What You See Is What You Guess fait écho à l'acronyme de la locution anglaise "What You See Is What You Get", signifiant littéralement en français "ce que vous voyez est ce que vous obtenez". Nous interprétons effectivement les apparences d'après leurs relations causales et sommes amenés à faire des prédictions raisonnables et rapides sur le devenir de certaines actions. L'attente des effets et des conséquences comble les intervalles de la perception, de sorte que nous prenons pour réalité des objets ou événements créés de toute pièce dans notre esprit, avant même qu'ils ne prennent formes véritables.
Mais l'art est retors. Il exploite notre crédulité, nous promène et démonte les logiques de pensée des similitudes. L'exposition WYSIWYG / What You See Is What You Guess est l'occasion de découvrir des artistes très peu vus en France dont l'attention aux recherches scientifiques croise un questionnement sur la représentation et la perception. Cette exposition invite le visiteur à entrer non seulement dans la conscience de l’œuvre mais aussi dans sa machinerie, en franchissant les obstacles de la perception, dont le plus grand est l’a priori.
Ainsi, Arcangelo Sassolino propose une araignée/crabe métallique (Untitled, 2006) dont les mouvements et soubresauts sont à la limite du vivant et du mécanique. Ceal Floyer (Projection, 1997) et Christian Andersson (F for Fake, 2002) mettent en jeu les subterfuges liés à la projection lumineuse. À la manière de l’atelier d'un alchimiste, l’imbrication de formes est matérialisée de façon poétique par Attila Csörgö dans sa sculpture Three Solids, 1993 ; tout comme Julius Popp joue avec des formes à l’aide de matériaux non-solides, à l'aide d'un dispositif technologique prenant conscience de son propore corps (bit.flow, 2004-2006). Christoph Keller (Rundum Alexanderplatz, 1996) et Steven Pippin (Geocentric TV, 1998) créent quant à eux des œuvres où la perception est troublée par les anamorphoses photographiques.
Présentation de l'installation Omega=1 de Steven Pippin dans la Chapelle Palatine du Palais du Tau le jeudi 13 septembre 2007, de 14h00 à 20h00.

mircea cantor / ciel variable
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Le FRAC Champagne-Ardenne présente du 4 mai au 15 juillet la première exposition monographique dans une institution en France de l’artiste roumain Mircea Cantor. Afin d’appréhender de manière poétique une fin du monde possible, l’artiste a intitulé cette exposition Ciel variable. Cette imprévisibilité du futur propose autant l’apocalypse qu’un renouveau potentiel, à l’image de la sculpture Monument for the End of the World, dont le carillon surplombant la maquette d’une grande ville serait activé par une éventuelle catastrophe.
Œuvres textuelles, films/vidéos, photographies, installations, éditions, le travail de Mircea Cantor se déploie dans une étonnante diversité de médiums, sans répétition. Chaque pièce revêt un caractère de manifeste, chaque image est motivée. En proposant une réponse personnelle à une réalité saturée de signes parfois oppressants, Mircea Cantor bouscule et renverse les conventions, à l’instar de cette toile sur laquelle l’artiste a peint un nid constitué de brindilles a priori mortes mais qui bourgeonnent pourtant. Ce cycle de la disparition et du renouveau est constamment mis en jeu dans l’œuvre de Mircea Cantor qui nous rappelle ainsi la course effrénée au temps dans nos sociétés contemporaines.
Déployées dans tout l’espace du FRAC, les œuvres produites à l’occasion de cette exposition révèlent et matérialisent la pensée non-linéaire de Mircea Cantor qui propose par-là même une cosmogonie : un univers de tous les futurs, de tous les passés, de tous les possibles. Untitled, 2006, présente ainsi un morceau de titre déchiré du journal Le Monde, auquel l'artiste a simplement ajouté deux S au feutre rouge, allégorie sensible de la fragilité de nos convictions face à la superposition infinie des mondes qui densifie notre conscience incertaine et inquiète. Mircea Cantor se place très souvent à la croisée de mondes et permet des rapprochements de mentalités, comme un témoin attentif de la société et des cultures, préoccupé par l'alchimie des idéologies dans la circulation infinie de la pensée. Cette exposition n'est par conséquent ni une rétrospective traditionnelle, ni la présentation de pièces inédites mais une manière pour l'artiste d'offrir une nouvelle lecture de son travail.
Remarqué à la Biennale de Venise 2003, à la Biennale de Berlin 2006, à l’exposition Forwart 02 à Bruxelles, au Philadelphia Museum of Art en 2006, à la galerie Yvon Lambert New York et Paris, lauréat du prix Ricard 2004, Mircea Cantor est l’une des figures marquantes de ces dernières années et appartient à une génération d’artistes d’Europe de l’Est révélés récemment. Ayant grandi en Roumanie pendant le communisme, Mircea Cantor fait part d’une incroyable lucidité et d’une distance sur les réalités des pouvoirs en place et sur les illusions de l’occident néo-libéral. Il est en outre très impliqué et engagé dans la scène artistique roumaine, entre autres à travers la revue Version dont il est l’un des co-éditeurs.
Mircea Cantor est invité par le FRAC Champagne-Ardenne pour une résidence de production à la Chaudronnerie au Lycée Val-de-Murigny à Reims. À cette occasion, l’artiste va produire un film 16mm dans lequel on discerne l’incandescence puis la dissolution d’une ombre – celle d’un drapeau en ombre portée dont on ne peut déterminer ni la forme, ni l’origine. Parce qu’il n'est pas identifiable, ce drapeau est à la fois emblématique de la fin d’un régime et d'un renouveau de la société, à échelle universelle.
En conjonction de l’exposition, la première monographie de Mircea Cantor sera co-éditée par le FRAC Champagne-Ardenne et la galerie Yvon Lambert, Paris / New York.

nicolas boulard / le temps qui reste
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Le travail de Nicolas Boulard se déploie sous des formes hétérogènes : clips vidéo, photos numériques, sculptures inspirées de mobiliers, jeux, gonflables... Doublement diplômé en art et en design à l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, Nicolas Boulard a été «résident» du Collège Invisible, réseau d’enseignement artistique sur Internet, créé par Paul Devautour. Il collabore régulièrement avec de grands talents de la musique électronique tels que Console, Joachim Montessuis ou Ikko Yamagochi et réalise des clips qui interrogent chacun à leur façon, la persistance obsédante avec laquelle les signes et les images de communication marquent la conscience.
Nicolas Boulard s’est fait connaître par un travail très singulier sur le vin. Authentique spécialiste, issu lui-même d’une famille du champagne, il réalise des vins et projets vinicoles pour lesquels la générosité, la convivialité, le sens du partage, rencontrent une position critique, parfois provocatrice, mettant en jeu les fragilités et les préjugés de cette industrie. Le H 20 ou H2 O, suivant sa prononciation, est un vin sans raisin, uniquement constitué d’eau et des correcteurs de goût plus ou moins autorisés par la loi. Le Grand Vin de Reims, oeuvre - multiple créée pour l’Association des Amis du FRAC Champagne-Ardenne, est le fruit de vendanges sur la totalité des «parcelles» de la ville de Reims : grandes surfaces, épiceries diverses, voire même les vignes décoratives des ronds-points.
Que ce soit pour les films, les objets, les vins, c’est avant tout l’œuvre d’un hacker de la pensée, qui s’infiltre et pénètre les systèmes ou les savoir-faire, en disloque les composantes structurelles pour en proposer des alternatives et d’autres perspectives. L’exposition Le temps qui reste, référence à un texte de Giorgio Agamben qui montre comment une œuvre du passé ne parvient à sa lisibilité qu’à certains moments de l’Histoire, aborde la question de la durée, montre au travers du vin que l’œuvre d’art elle-même est l’objet d’un lent mûrissage, qu’elle fait l’expérience du temps et inscrit ses propres cycles temporels.
En conjonction avec l’exposition, le FRAC Champagne-Ardenne et les éditions Analogues, publient un numéro de Semaine sur le travail de Nicolas Boulard, comprenant un texte et un projet original de l’artiste américain Ben Kinmont.

francisco ruiz de infante (avec christian sébille) / tables amplifiées (bestiaire)
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Dans une époque où l’école, les organes de presse, la télévision, la publicité, la politique, prophétisent un monde d’idées simples, univoques que l’on aborderait par des actions déterminées et rationnelles, Francisco Ruiz de Infante nous rappelle très à propos combien la pensée humaine est de nature complexe. Toute formulation d’idées est inévitablement incomplète puisque l’esprit est un terrain meuble sur lequel les certitudes s’enlisent sans cesse sous l’effet de nos contradictions, de l’indicible, de la complexité des langages, de la mémoire et de la représentation.
Depuis quelques temps, Francisco Ruiz de Infante réalise et collectionne des schémas techniques, des notes et diagrammes manuscrits, qu’il qualifie indistinctement de «dessins», des cartographies neuronales qui révèlent combien la force de la pensée est d’être fondamentalement empêtrée. Tables, bureaux, laboratoires, atelier, lieux de projection, tables de dissection, ces «milles-et-un plateaux» sont pour l’artiste autant de résonateurs de l’esprit. Ainsi l’exposition Tables amplifiées (bestiaire) propose-t-elle un singulier inventaire de dispositions mentales. On passe de La table copiste à d’autres, intitulées Mens-moi, Trois trous, Cabinet de dessin, Disque dur, Télépathie, une série d’installations aux développements organiques et réflexifs, avec çà et là des images de larves, de poux et autres scolopendres sectionnés, qui semblent vouloir nous enseigner des alphabets indéchiffrables.
L’exposition Tables amplifiées (bestiaire) vient aussi concrétiser près de quatre années de travail et d’échange entre l’artiste Francisco Ruiz de Infante et le compositeur Christian Sébille. On comprend que ces résonateurs de pensées aient aussi captivé le musicien électro-acoustique, compositeur des Villes imaginées et fondateur de Césaré, Centre national de création musicale à Reims. L’exposition Jeu de cartes (2003) au Centre de création pour l’enfance de Tinqueux, Donala (2005), pièce musicale pour la scène du Grand Théâtre de Reims, La pierre de New-York (symphonie) (2006), concert-performance présenté au Caixa Forum de Barcelone, ou encore la création musicale et plastique composée pour l’abbaye de Clairvaux en septembre de cette année, ont montré dans les diverses formes de leur collaboration une attention mutuelle, la confrontation tenace des exigences, la curiosité et un sens commun du jeu, produit de moments rares et précieux de création. Une publication, en préparation, rendra compte des amplifications de cette véritable rencontre entre les arts visuels et musicaux.
L’exposition Tables amplifiées (bestiaire) a été produite en partenariat avec Césaré, Centre national de création musicale, Reims / Autour de la terre, Auberive / le Centre d’art La Panera, Lleida, Espagne.
La pierre de New-York (symphonie) sera présentée à Reims au Manège / Scène Nationale le vendredi 7 septembre 2007 à 19h00.
L’exposition Tables amplifiées (insectes) au Centre d’art La Panera, Lleida en Espagne, prolongera celle du FRAC Champagne-Ardenne, à partir du 20 avril 2007.