
françois matton / de pièces en pièces, chroniques sur des oeuvres nomades
> voir le détail> voir les images de l'exposition
Qui a dit que l’art contemporain n’avait pas de public ? La création de l’Association des Amis du FRAC Champagne-Ardenne en septembre 1996 prouve le contraire. Depuis cette date, les adhérents accompagnent de leur enthousiasme indéfectible les propositions qui sont faites au public, que le FRAC contribue à émouvoir, informer et former dans le champ toujours effervescent de l’art contemporain.
En 2006 l’Association des Amis fête le début d’une nouvelle décennie et initie une année d’Œuvres Nomades. Pour une soirée et entourés du cercle de leurs amis privilégiés, les membres de l’Association qui le souhaitent peuvent ainsi inviter une ou plusieurs œuvres de la collection du FRAC dans le lieu de leur choix : domicile, lieu professionnel, jardin ou autres décors surprenants... Ces moments festifs de rencontres et de découvertes ont alors suscité un dialogue nouveau et libéré autour des œuvres.
François Matton, artiste invité par l’Association, a accompagné cette série de soirées en apportant son point de vue artistique et décalé. Avec l’exposition De pièces en pièces, chroniques sur des Œuvres Nomades, il nous en donne aujourd’hui un compte-rendu personnel et volontairement subjectif. Ses dessins envahissent les murs du FRAC et instaurent un dialogue inédit avec les œuvres de la collection. A travers la fragilité de son trait et de son écriture, une réflexion sur le nomadisme dans l’art se mêle au récit de cette année de rencontres, dérivant du sérieux d’une discussion de passionnés à l’anecdote légère d’une fête entre amis!
Accompagnant François Matton dans cette exposition, les membres de l’Association en produisent la documentation, simple et érudite, témoignage de dix années de pédagogie douce et rigoureuse auprès de néophytes, d’amateurs éclairés et de collectionneurs dont le cercle convivial s’élargit, stimulé par la curiosité vive de chacun. Avec cette exposition l’Association donne rendez-vous à ses Amis et à ceux qui ne le sont pas encore...
Un livre de François Matton regroupant les dessins réalisés durant cette année d’Oeuvres Nomades paraîtra au mois de mars 2007 aux éditions P.O.L.
Chaque soirée Œuvres Nomades a également donné lieu à une pièce sonore réalisée par Radio Primitive, qui seront prochainement diffusées sur ses ondes (92.4 FM).

céleste boursier-mougenot / états seconds
> voir le détail> voir les images de l'exposition
Le FRAC Champagne-Ardenne présente l’exposition états seconds autour d’œuvres de l’artiste Céleste Boursier-Mougenot. Ce projet est réalisé en partenariat avec le studio de création musicale Césaré.
Présentés depuis une dizaine d’années exclusivement dans les lieux d’art contemporain, les travaux de Céleste Boursier-Mougenot sont à considérer avant tout comme ceux d’un musicien. Après avoir été, de 1985 à 1994, le compositeur de la compagnie «Side One Posthume Théâtre» de l’auteur et metteur en scène Pascal Rambert, il entreprend de donner une forme autonome à sa musique en réalisant des installations.
À partir de situations ou d’objets les plus divers, dont il parvient à extraire un potentiel musical, il élabore des dispositifs qui étendent la notion de partition aux configurations hétérodoxes des matériaux et des médias qu’il emploie, pour générer, le plus souvent en direct, des formes sonores qu’il qualifie de vivantes. Déployé en relation avec les données architecturales ou environnementales des lieux d’exposition, chaque dispositif constitue le cadre propice à une expérience d’écoute en livrant, au regard et à la compréhension du visiteur, le processus qui engendre la musique.
Céleste Boursier-Mougenot aime jouer de la disjonction des sources : la vidéo traitée comme un signal audio, des harmonicas montés sur les bouches d’un bataillon d’aspirateurs, un micro suspendu à un ballon... La production du son rendu visible par le dispositif technique qui concrétise, sous nos yeux, le principe de composition, libère l’auditoire du questionnement sur la provenance et la détermination « narrative « de la musique, comme si la partition était toute entière contenue dans la rencontre non-inopinée des objets qui composent l’installation. Les sons de notre environnement, les faits sonores issus d’actions de la plus pure banalité sont produits en direct par des mécanismes dont le mouvement captive le regard. Le rythme des coups de bec d’un oiseau dans une mangeoire, le son d’une voiture qui passerait ou celui d’une chaise qu’on déplace, le cliquetis d’un radiateur dans un musée et celui des cintres métalliques qui s’entrechoquent, un bol de porcelaine, les bruits familiers du petit-déjeuner...
Pour faire suite aux résidences que le FRAC a inaugurées avec Yan Pei-Ming en 2003, poursuivies avec Franz Ackermann et Robin Rhode en 2005, Céleste Boursier-Mougenot séjournera à Reims à plusieurs reprises pendant la période estivale 2006. En conjonction avec les « Flâneries Musicales de Reims «, plusieurs installations seront présentées dans les salles du FRAC Champagne-Ardenne, mais aussi dans la chapelle à l’entrée de l’ancien Collège des Jésuites, ainsi que dans le magnifique site gallo-romain souterrain du Cryptoportique, place du Forum. Au sein même de l’exposition, l’artiste disposera d’un atelier lui permettant de développer ses travaux en cours.
En conjonction avec l’exposition états seconds, un livre éponyme sur l’ensemble de l’activité artistique de Céleste Boursier-Mougenot depuis 1995 sera publié en partenariat avec les éditions Analogues, Arles. Avec le soutien du C.N.A.P. (aide à l’édition).

robin rhode / the storyteller
> voir le détail> voir les images de l'exposition
Le FRAC Champagne-Ardenne présente du 2 mars au 7 mai 2006, la première exposition monographique, en France, de l'artiste sud-africain Robin Rhode. Les œuvres créées à Reims à l'occasion de sa résidence, en novembre 2005 et février 2006, marquent une étape importante et originale dans son parcours. Il présentera un ensemble de films, vidéos et séries photographiques, produites depuis 2000, et plus particulièrement l' oeuvre The Storyteller* créée spécialement pour l'exposition.
Robin Rhode déploie sur les murs des villes qu'il arpente, des micro-récits qui, très souvent, le mettent en scène. Il dessine à la craie blanche, au fusain, à l'eau, à la peinture noire industrielle, ou encore à l'aide de briques, des objets autour desquels se développe une pantomime fortement imprégnée de la culture de rue. Le dessin est rapidement exécuté, les objets - une cabine téléphonique, un orchestre de jazz, un skate-board - sont réduits à leur forme signifiante la plus élémentaire. La musique est également un élément prépondérant des univers très immédiats qu'il décrit.
Son langage se nourrit de ses propres expériences culturelles. Si Robin Rhode ne les revendique pas ostensiblement, elles construisent les codes d'une mythologie personnelle, éminemment sensible et poétique. Il raconte ainsi une expérience fondatrice de son travail, un rite d'initiation de lycéens en Afrique du Sud, qu'il a vécu comme une forme d'éducation artistique : les plus grands dessinaient sur les murs des toilettes des objets du quotidien (une bougie) ou de désir consumériste (une bicyclette) avec lesquels les nouveaux devaient interagir en mimant leur usage.
Les personnages qu'il met en scène évoquent d'étranges efforts de vie, comme autant d'allégories de la condition humaine. Il tire une ancre sortie de l'eau, rattrape péniblement des objets tombant du ciel, démantèle un camion en ôtant un-à-un les traits de ses contours, agite un drapeau de briques, s'abrite d'une pluie noire, fait pousser des plantes qui lui font un lit mortuaire, rassemble les branches d'un arbre pour les tendre comme les cordes d'un instrument. L'oeuvre de Robin Rhode porte en elle une conscience aiguë, nuancée, de l'ambivalence du monde contemporain, où chacun tente de négocier une place, même fragile. Si avec une douce mélancolie, teintée de burlesque et d'ironie, Robin Rhode semble nous prévenir de l'illusion de certains systèmes de représentation, c'est pour mieux nous rappeler la force de l'imaginaire, comme vecteur de résistance et comme condition de l'agir. L'objet comme signe, libéré de sa dimension utilitaire, cristallise une autre négociation, celle qui nous lie au désir. Toute l'oeuvre de Robin Rhode travaille avec subtilité ce mouvement complexe qui nous tend vers le désir, la distance qui nous en sépare, moteur paradoxal de notre capacité à agir sur le monde.
* L'oeuvre The Storyteller a été réalisée avec le danseur-équilibriste Jean-Baptiste André, dans le cadre d'une résidence au Lycée Val-de-Murigny, en partenariat avec le Studio de création musicale Césaré, et le violoncelliste Didier Petit.

radio kills the video stars / side b
> voir le détail> voir les images de l'exposition
Oeuvres de Liliana Bassarab, Isabelle Cornaro, Adriana Garcia Galan, Benoît Maire, Mihnea Mircan, Wagner Morales, Emilie Pitoiset, Koki Tanaka, Adam Vackar.
En partenariat avec le Pavillon, Laboratoire de recherches artistiques du Palais de Tokyo, Site de création contemporaine, Paris.
Cette exposition, dont le titre facétieux détourne un tube pop fameux, fait le constat d’une résurgence d’œuvres sonores dans la création plastique actuelle. Essentiellement composée d’œuvres récemment acquises par le FRAC Champagne-Ardenne, l’exposition interroge les nouvelles règles de composition et les nouveaux modes de création aussi bien dans le domaine musical que dans celui de l’art contemporain.
Cette rencontre entre la musique et les arts visuels résulte souvent d’une réflexion sur la notion même d’objet d’art mais également sur les limites des institutions auxquelles ceux-ci sont destinés. Musées ou salles de concert conditionnent des formes d’art qui n’entendent pas rester figées. Ainsi, des musiciens tels que Céleste Boursier-Mougenot ou Carsten Nicolaï, sans jamais se départir de leurs propres recherches musicales investissent de façon volontaire et naturelle des lieux d’exposition.
De grands artistes mènent également aujourd’hui une carrière de musicien : Par exemple, Christian Marclay, dont on verra bientôt un important projet autour de la collection du Musée de la Musique à Paris et qui dans une œuvre acquise cette année par le FRAC Champagne-Ardenne, conjugue le reportage photo dans la lignée des graffitis de Brassaï, avec l’ « interdétermination » et l’ouverture musicale que John Cage a apporté à la création contemporaine. C’est également le cas du jeune artiste Davide Balula dont le travail remarquablement silencieux et poétique n’en est pas moins le fruit des recherches musicales qu’il mène en parallèle.
Par ailleurs, d’autres artistes font des propositions qui questionnent de façon radicale et nouvelle la sculpture ou l’installation en tirant un parti inattendu des théories musicales les plus récentes. Ceal Floyer propose ainsi un dialogue entre installation sculpturale et technique du déphasage telle que Steve Reich a pu la définir et la développer.
Enfin, la musique est fortement liée à des contextes sociaux et culturels qui en font souvent la force. Caecilia Tripp dans sa relecture d’un texte de Gertrude Stein remet ainsi en perspective la créolisation de la culture afro-américaine au travers du rythme de la parole mais aussi de la musique hip-hop. Plus près de nous Danica Dakic dans un camp de réfugiés Roms au Kosovo utilise la musique comme un moteur de libération et de cristallisation des zones sombres de l’Histoire récente de l’Europe.
Sur une proposition de Laurence Hazout Dreyfus, à partir du 12 janvier, une dizaine d’artistes du Pavillon du Palais de Tokyo, formation post-diplôme internationale, présenteront au FRAC des œuvres inspirées de l’exposition et remettront en perspective les interrogations nées de ce dialogue entre arts plastiques et musique. Ce sera également l’occasion d’une nouvelle présence de jeunes artistes internationaux en Champagne-Ardenne.